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Les artistes djiboutiens

23 février 2017

Portrait Abdi Nour Allaleh : Une icône de la

Portrait

Abdi Nour Allaleh :

 Une icône de la musique djiboutienne

Posted: 09 Feb 2017 01:09 AM PST

C’est un artiste au timbre majestueux que nous vous présentons aujourd’hui. Il est depuis les années 1970, l’un des interprètes les plus populaires de la chanson djiboutienne.  Il joue le oud, les percussions, la batterie. Il est aussi acteur, compositeur de mélodie et de musique. Rien n’a de secret pour lui. Il a à son actif, le plus large répertoire des chansons du pays. Acteur principal de plusieurs pièces de théâtre musical, il excelle dans tout ce qu’il fait et n’en finit pas de nous étonner.  Il a fait rêver plus d’une génération. L’homme c’est Abdi Nour Allaleh. Il est une vraie bête de scène. Détenteur de la Palme de la Culture depuis le 31 décembre 2016, il est l’artiste le plus sollicité non seulement par les communautés djiboutiennes mais aussi par celles des pays voisins et de la diaspora. Pourtant, il reste modeste et souriant dans la vie courante.

Abdi Nour Allaleh est né en 1953 dans l’un des vieux quartiers de la capitale, le Q.7 et a grandi à “Jaga Buldhuq” (appellation d’un secteur du Q.7). Il a d’abord usé ses fonds de culottes à une école coranique sise à Ambouli près de la caserne de la gendarmerie (actuelle Base Aérienne) où habitait sa grande sœur.  A partir du 19 mars 1967, cette dernière déménage au Q.5. Le petit Abdi Nour a alors intégré l’école coranique “Ichad” et  a côtoyé  sur les bancs de celle-ci  l’arbitre international Mahdi Kahiye Warsama alias “Agon”.

Adolescent, il abandonne subitement la salle de classe deux ans plus tard pour apprendre la peinture auto à un garage sis à l’avenue 26 et devenir par la suite vendeur de kérosène à un kiosque qui faisait face au rond point d’Einguella.

…La musique, une vocation. Sa vie artistique commence très tôt. Une flamme qui s’est allumée dès ses années tendres. La musique, il la fredonnait, en écoutant Abdi Tahlil Warsama, Said Ismaël Bouh alias Said Hamarqodh, Ahmed Mogueh,  Mohamed Warsama alias “Qasali” et est devenu chanteur dans des groupes de copains. Ses amis d’alors ont remarqué la voix d’Abdi Nour  et lui ont conseillé de rejoindre les rangs de l’association sportive et artistique “Bonne espérance”.

Confiant et sûr de lui, Abdi a franchi le 6 décembre 1969 les portes du siège du groupe “Bonne espérance” sis au Quartier 4  avec un seul objectif : confirmer son talent.  «Pour être admis, j’ai été contraint de passer des tests sur ma voix! C’est ainsi qu’une après-midi, je chante une chanson de Abdi Tahlil Warsama “Onkod Roobku Ma’Daayoo” devant les compositeurs, Hassan Elmi, Ibrahim Cheick Souleiman “Ibrahim Gadhleh”, et le grand chanteur-compositeur somalien Abdi Tahlil Warsama. Ce dernier très étonné n’a pas manqué de me crier “Mais tu es un artiste-né!”», se souvient-il.

Cette remarque lui a valu d’être admis au sein de l’association sportive et artistique “Bonne espérance”. C’est le début d’une carrière artistique exceptionnelle.

…Répertoire musical. Lors de son premier concert, Abdi Nour a interprèté avec Hodan Hadji Mahamoud alias “Qormo” les chansons “Cilmi Raadcadaadii”, “Guhaad”, “Miyaan Nololba Doonaa”, “Godob” de la pièce de théâtre musicale “Ma’Dhabbaa Jacayl Waa Loo dhintaa” d’Ibrahim Gadhleh.

Il s’est produit sur scène avec les artistes comme Ismaël Aynan, Qormo, la diva somalienne de la troupe Waberi, Habon Abdillahi….etc.

«J’aimais beaucoup apprendre le luth et avec ma part de la recette de cette pièce, j’ai acheté un neuf!» nous a-t-il confié. Quelques mois seulement lui ont suffi pour  maîtriser le luth. Il s’est lancé en même temps dans la  composition des mélodies.

En février 1971, Abdi Nour est sollicité par l’association artistique et sportive “Red Star” du Q.4 présidé par le frère de l’actuel président de la République, le défunt Idriss Omar Guelleh pour jouer sa 2ième pièce intitulée “Waalidda Ragga iyo Weerarka Hablaha” de l’homme de la culture somalie Moussa Ali Farour.

Et depuis la création de la troupe Gacan Macan en 1972, il a enchaîné les interprétations de différents rôles dans plusieurs pièces de théâtre aux cotés d’Abdi Ibrahim Guedi (Abdi Bowbow), Mohamed Ali Guelleh (Fourchette), Abdi Robleh Qarchileh, Said Hamarqodh, Nouh Ismaël, Qormo, Neima Djama, Zahra Osman (Zahra Ilka Cas) ….etc.

Grand indépendantiste, il faisait partie d’une délégation de la LPAI qui se rend à Mogadiscio en 1976 et a effectué  une tournée de six mois dans toutes les provinces somaliennes en compagnie de Moussa Sh. Badha, Abdoul-Aziz, Kamal, Ahmed Hassan Ladé, Neima Djama, Bilila, Fatouma Ahmed…etc. Durant cette période, il a joué le rôle principal de la pièce musicale intitulée “Halgankii Ummadda iyo Hooggii Isticmaarka”, du grand parolier auijourd’hui disparu, le regretté Ibrahim Gadhlé, devant Siad Barré, Hassan Gouled et Ahmed Dini à Mogadiscio. Une pièce qui s’inspirait du massacre perpétré par les colons lors la venue du Général Charles de Gaulle à Djibouti en octobre 1966.

Abdi Nour ne se produisait pas seulement avec les groupes somalis, durant les festivités de l’indépendance en 1977, il a interprété les titres comme “Yinaay Yi Baaxooy”, “Bolu”, “Wanooh Le’Bandiratoow” aux cotés de Moussa Check Badha, Abdoul-Aziz, Kamal hadji Ali, Ahmed Hassan Ladé et Mohamed Ali Talha…etc.

Il bénéficie d’un capital de sympathie très encourageant auprès de ses aînés, notamment les compositeurs. Parmi lesquels figurent Aden Elmi God (Qoryareh), Ibrahim Gadhleh, Hassan Elmi, Jigjigawi, Abdi Tahlil, Yonis Saleh, Said Ismaël Bouh, Souleiman Daoud, Abdourahman Ali, Qarchileh et le batteur Omar Ali.

Après l’indépendance, Abdi Nour Allaleh a intégré la troupe de la RTD et a enregistré plusieurs chansons, à savoir “Sacaaday”, “Tolow May Ogtahay”, “Midiya Dhiigleh” …etc.

Jusqu’à ce jour de 1981 où il a crée la troupe “Sharaf Band”, financièrement subventionnée par la défunte commerçante djiboutienne Fatouma Robleh Gouled alias Mako Robleh.

«En février 1981, je me suis rendu à Paris en France pour acheter un matériel musical pour la troupe et c’est par téléphone que j’ai mémorisé mes textes de la première pièce de la troupe “Sharaf Band”», se souvient Abdi Nour. Avec cette troupe, il avait le rôle principal dans plusieurs pièces de théâtre musicales comme  “Qosol iyo Qoomamo” d’Abdi Ali Wayd, “Sir Jacayl” et “Gaf Jacayl”de Jigjigawi. Il a aussi  interprété les chansons comme “Waberi Iftiimiyo”,”Salmadhiga”……etc.

Auréolé de son succès, il s’est produit sur les plus grandes scènes de la capitale qui étaient à l’époque le cinéma “Le Paris” et le théâtre des Salines.

Par la suite, sollicité par la troupe 4 Mars, il a endossé de 1982 à 1987 les habits des principaux personnages  des pièces de théâtre “Intaanad Falin Ka’fiirso” de Daher Awaleh et”Amaano” de Hassan Elmi. Puis, il a participé avec eux aux commémorations des festivités somaliennes du 21 octobre 1984 sur l’invitation du ministère de la culture de ce pays.

En juin 1987, lors du concours culturel lancé par la mairie à l’occasion du centenaire de la ville de Djibouti, il a interprété une chanson intitulée “Hoodaale Calanyohow” de Jigjigawi et le jury n’a eu aucune peine pour lui discerner le 1er prix.

Abdi Nour nous raconte que ses dons d’artiste lui viennent de sa mère, Hawa Indi qui était jadis non seulement une danseuse folklorique, mais composait aussi les«Bourambour» (Sorte de poésie pastorale propre à la gente féminine chez le peuple somali). Il voue une admiration pour le grand artiste Saïd Ismaël Bouh qu’il considère comme son modèle.

…Une polyvalence artistique. Abdi Nour s’est imposé au fil des années comme un artiste reconnu, tissant étape par étape un lien unique avec son public à qui il est resté fidèle.

Il est l’interprète de belles ballades mélodieuses, composées par Abdourahman Ali Hersi et Abdi Robleh (Qarchileh) avec il collabore depuis 1972.

Entre 1980 et 1983, il a côtoyé les stars Manu Dibango, Mariam Makéba, Lami Konté sur la scène du théâtre des salines

Il a mis à profit son séjour en Angleterre pour produire des shows musicaux dans plusieurs villes européennes, américaines, des Emirats Arabe Unis, d’Australie. Il a en outre participé aux festivals internationaux qui ont eu lieu au Moyen Orient et en Europe dont celui de Cardiff en Angleterre aux cotés de Youssouf N’Dour et de Mariam Moursal.

Et ce n’est pas tout. Abdi Nour Allaleh a été acteur principal en 1982 et en 1983 de deux longs métrages d’Ibrahim Gadhleh intitulés “Nouveau Michel” et “Khamiistii Dheerayd”. excelle aussi dans le domaine des téléfilms. Ce dernier téléfilm, tourné par des réalisateurs internationaux d’origine française en visite à Djibouti, a connu un réel succès.

Dernièrement, lors de la journée nationale de l’artiste le 31 décembre 2016, le président de la République lui a décerné la Palme de la Culture. Et pour cette occasion, le vendredi 6 janvier dernier, le président de l’association RADACLA  M. Oubad Nasser Ahmed a organisé en son honneur une cérémonie au siège des amis de l’artiste, sis à Eingueila. Actuellement, Abdi Nour est entrain d’écrire un ouvrage en somali et en français sur son parcours artistique qui se confond avec ceux des troupes Gacan Macan et Sharaf Band.

Rachid Bayleh 

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